LE CHAT
De tous les prédateurs, le chat, dont la silhouette s'est modelée au cours des âges pour devenir telle que nous la connaissons aujourd'hui, est l'un des plus beaux. Contrairement à la gent canine, carnivore elle aussi, mais douée d'un solide instinct grégaire, le chat s'est résolument engagé dans la voie de l'individualisme et de l'autonomie. Il chasse seul, utilisant au mieux ses remarquables capacités à demeurer embusqué, parfaitement immobile et silencieux. Il y a si peu de différence entre nos félins domestiques et leurs cousins sauvages que nous retrouvons chez nos compagnons des traits communs avec les chats sauvages qui peuplent encore l'Europe ou les tigres qui hantent les jungles du Bangladesh.
Le chat fait preuve d'une insolence, d'une arrogance et d'une forte fierté. Il connaît l'art de tuer, tout en demeurant dans ses moindres mouvements d'une élégance et d'un sens de l'harmonie parfaits. Le chat n'accorde son amour et son amitié qu'avec circonspection et sur un plan d'égalité. Le respect et l'affection d'un chat se méritent.
Derrière la fascinante physionomie et le regard captivant du chat, on devine toujours cette imminence de la cruauté, ce repliement impénétrable, chaînons exotiques et secret qui renvoient à des liens immémoriaux avec des cultes sacrés et magiques. Magique, voilà bien le mot qui définit le chat.
Il y a 12 000 000 d'années environ, les premiers vrais chats apparurent. A l'évidence, l'homme primitif éprouvait admiration et respect pour les chats et leurs talents de chasseur. Il est tout à fait certain que, dans l'Egypte ancienne, les chats étaient les gardiens des silos à grains. En même temps, on les adorait comme des dieux. C'est aussi en Egypte que l'on retrouve les premières traces de la domestication du chat. Les Egyptiens vénéraient leurs chats. A leur mort, non seulement ils portaient leur deuil mais ils les embaumaient : leur momie était placée dans le temple dédié à Bast, la déesse des chats.
Bien que les chats soient apprivoisés depuis 5 millénaires au moins, la notion d'élevage et de sélection pour définir des pedigrees ne s'est pas imposée avant le milieu du XIXè siècle.
Les chats sont des mammifères. Ils ont donc les caractéristiques anatomiques de ces derniers, parmi lesquelles les poils et les glandes mammaires. Ainsi, les chats ont des organes et des tissus qui ne diffèrent pas, dans leurs fonctions ou leur structure, de ceux des êtres humains. Cependant, alors que la morphologie de l'homme, primate et omnivore, a évolué vers la station debout, celle du chat s'est adaptée à son état de quadrupède et de vrai prédateur.
Le poids d'un chat adulte se situe entre 2 et 5 kilos, mais certains sujets peuvent atteindre un poids record de 18 kilos.
Le corps du chat est d'une remarquable élasticité. Les os de la colonne vertébrale sont maintenus ensemble par des muscles (et non par des ligaments comme chez l'homme), ce qui assure une grade souplesse au dos. La forme des "épaules" permet aux pattes antérieures de se tourner presque dans tous les sens. Il existe une autre raison à la merveilleuse souplesse du chat : il possède 26 vertèbres de plus que l'homme. En outre, et toujours à la différence de l'homme, le chat n'a pas de clavicule mais seulement une amorce osseuse enveloppée par un muscle pectoral. Les nombreux muscles du corps du chat lui valent cette extraordinaire puissance et cette formidable souplesse, dignes de ses cousins les grands félins.
Le chat est doué d'un incroyable
sens de l'équilibre. Il suffit, pour s'en convaincre, de
voir comment le matou des voisins se joue de la clôture
du jardin. Les muscles de ces petits acrobates répondent
instantanément aux messages éclairs émis vers le
cerveau par les yeux ou les organes de l'équilibre de
l'oreille interne. Le chat utilise sa queue comme contrepoids pour changer brusquement de direction en pleine course. On dit souvent que la queue des chats, de même qu'un gouvernail maintient le cap du bateau, les aide à réaliser des sauts d'une étonnante précision. Mais peut-être est-ce le réflexe du rétablissement qui donne la démonstration la plus impressionnante du sens de l'équilibre d'un chat. Lorsqu'un chat tombe de haut, ses yeux et les mécanismes de son oreille interne indiquent à son cerveau la position de sa tête par rapport au sol. |
Pour chasser, les animaux dépendent entièrement de l'acuité de leurs sens, qui leur permettent de détecter les proies. Le chat domestique est doué des mêmes possibilités sensorielles que celles du tigre parcourant la jungle la nuit.
LA VUE : L'oeil du chat a une structure presque analogue à celle de l'homme. Cependant, d'importantes modifications rendent le chat capable de performances impossibles à l'être humain.
LA VISION CREPUSCULAIRE : On dit souvent que les "chats voient dans le noir". C'est inexact. Un chat placé dans une pièce totalement obscure n'y voit pas plus que vous et moi. En revanche, il peut percevoir la lueur la plus infime. Son oeil est constitué de telle manière qu'il capte la moindre parcelle de lumière. Il utilise pour cela un dispositif ingénieux et très logique, comparable à un "miroir" et situé derrière la rétine : le tapetum lucidum, composé de 15 couches de cellules. Les rayons lumineux imperceptibles à l'homme frappent l'oeil du chat, y pénètrent et viennent stimuler les cellules de la rétine photosensible. Ces rayons atteignent ensuite le "miroir" qui les réfléchit. Il est prouvé que le chat domestique a une vision claire avec un sixième seulement de l'intensité lumineuse nécessaire à l'homme.
LE CHAMP VISUEL : Les chats ont un grand angle de vue, ils ont un champ visuel de 285° (210° pour l'homme). Cela lui permet d'estimer les distances et les reliefs.
LA VISION DES COULEURS : Les scientifiques estiment que le chat voit les couleurs mais qu'elles n'ont pour lui aucune signification! L'oeil distingue les couleurs mais le cerveau ne les interprète pas.
L'ODORAT : L'odorat chez les félins est un sens très important. Les chats possèdent quelques 19 000 000 de terminaisons nerveuses à spécialisation olfactive, nichées dans la muqueuse qui tapisse leur nez. Le nez du chat est particulièrement sensible aux odeurs azotées, ce qui permet à l'animal de se détourner d'une nourriture est train de "tourner" ou déjà rance. L'un des délices olfactifs du chat lui est procuré par la cataire (Nepeta cataria), communément appelée "herbe aux chats". Cette plante de jardin exerce sur votre chat un irrésistible attrait : il s'y roule avec extase. L'explication vient de ce qu'elle contient une huile essentielle chimiquement très proche de la substance sécrétée par Dame Chatte dans son urine.
LE GOUT: Le chat se montre difficile en ce qui concerne son alimentation. il n'aime pas beaucoup le goût sucré, ils n'ont pas de papilles sensibles au sucre. Pourtant les chats domestiques possèdent quelques nerfs transmetteurs de l'impression de sucré... et leur nombre augmente!
L'OUIE : C'est le second sens le plus important chez le chat. Chacune de ses oreilles possèdent une trentaine de muscles moteurs (6 chez l'homme) qui lui permettent de les orienter avec précision pour localiser un son.
L'ACUITE AUDITIVE : Dans la gamme des hautes fréquences, l'oreille du chat est bien plus fine que la nôtre. Le chat entend des sons de 2 octaves plus aigus que la note la plus haute perceptible par l'oreille humaine.
LA SURDITE: Tout comme chez l'homme, l'âge affecte grandement l'acuité auditive du chat. Sa sensibilité aux notes les plus hautes diminue très vite; elle commence souvent à décliner dès que l'animal atteint l'âge de trois ans. Les maladies et la vieillesse peuvent entraîner la surdité complète de l'animal.
LE TOUCHER : Le sens du toucher est particulièrement développé chez les chats. Cependant le rôle de leur moustache n'est pas encore tout à fait clair. Elles sont, évidemment, en rapport avec leur sens du toucher : le fait de les couper les gêne manifestement. Pourtant il est certain que dans l'obscurité, le chat se sert de ses moustaches comme d'antennes extrêmement sensibles.
Les chats sont aussi très sensibles aux vibrations, ils peuvent annoncer l'imminence d'un tremblement de terre. Cette extrême sensibilité aux vibrations est sans doute pour beaucoup dans cette croyance très largement répandue selon laquelle les chats seraient doués d'une sensibilité extrasensorielle et capteraient des vibrations imperceptibles aux hommes.
Le chat est beaucoup moins sociable que le chien. Aussi fier et indépendant soit-il, il demeure capable de nouer des liens étroits avec l'homme.
LE SOMMEIL: Les chats se livrent à de multiples activités quotidiennes, mais ils s'abandonnent volontiers au repos et à la détente. De petits sommes en petits sommes, nos minets finissent par dormir 16h/24. De tous les mammifères, ce sont les plus gros dormeurs. Pendant que le chat dort, son cerveau continue à travailler. A la moindre alarme, le système nerveux du chat alerte instantanément les muscles. Quand un chat rêve, ses pattes et ses griffes ébauchent quelques mouvements, ses moustaches frémissent, ses oreilles se dressent et il émet parfois de petits bruits.
LA CHASSE: La nature a fait du chat un carnivore et un prédateur, mais elle ne lui a pas accordé la science infuse de la chasse. Le besoin de chasser est suscité par l'exemple et l'émulation : le chat devient chasseur en observant ses semblables et grâce à ses propres expériences, réussies ou non. L'exemple de la mère et des autres chats reste essentiel : le bon maître fait le bon élève.
Extraits du livre : "Les chats" de David Taylor. Editions PRESTIGE SOLAR.